samedi 19 mai 2012

JOY en Gascogne : Ode à la joie

Nostalgiques des amours sulfureux de la belle blonde répondant au doux nom de Joy, vous allez être déçus. Point de Zara Whites dans ce post, mais un vin blanc à la belle robe blonde du domaine de JOY : Ode à la joie (IGP Côtes de Gascogne).

IGP c'est quoi ?
Ces trois lettres, qui signifient Indication géographique protégée, remplacent depuis 2009 la mention vin de pays (c'était plus poétique avant je vous le concède, mais que voulez-vous, tout fout le camp...).

Côtes de Gascogne c'est où ?
En Gascogne pardi ! Dans le sud-ouest, dans le Gers plus précisément.

Mais retournons auprès de notre blonde...

Vendu comme vin sec, cette ode à la joie vin a tout d'un demi-sec.

Un 1er nez fermé qui ne laisse pas présager grand chose (de bon ou de mauvais c'est au choix).
Mijaurée la Joy ?

Laissez-le se dévoiler et là c'est une vraie séance de séduction qui s'offre à vous : Un nez de fruits exotiques, de miel et un soupçon de vanille (vin passé par la case barrique, ça doit jouer).
Un nez qui confirme l'impression (légère) de gras et de demi-sequetté du vin (oui j'invente des mots et alors ? ).

En bouche c'est fruité, c'est sucré sans tomber dans la lourdeur et ça a un côté aérien qui lui donne un goût de revenez-y.

Lors de cette séance de dégustation* improvisée, le qualificatif "délicat" est revenu le plus souvent.
Et c'est effectivement cette délicatesse qui séduit.
Et puis, qui peut passer à côté d'une ode à la joie en cette période de sinistrose ambiante ?


Prix : 6, 40 €

                                                                               



*Cette dégustation a eu lieu dans une cave troglodyte de Montlouis sur Loire (un de ces endroits où le temps suspend son vol pour quelques heures).
Notre hôte empreint d'une rare clairvoyance nous a livré les secrets d'une dégustation réussie :
"L'heure (11h en l'occurrence), le lieu, la nappe blanche, les verres et surtout pas trop de cons autour de la table". Dont acte. Merci pour la leçon M'sieur Pierre.



dimanche 13 mai 2012

Hecht & Bannier Languedoc 2008 : Watchou !

Premier réflexe de l'acheteur qui n'a pas la chance de (re)connaître les références qui s'offrent à lui dans les linéaires du rayon vins :
Choisir uniquement un vin de récoltant (c'est comme le port salut, c'est marqué sur le dessus du bouchon).

Ce critère de sélection est pertinent, mais n'empêche pas d'être déçu par la qualité d'un vin, limite grandement le choix et peut vous amener à passer à côté d'un vin de négociant qui mérite le détour.

Le vin c'est un peu comme les magnétoscopes : "mieux vaut un bon 2 têtes qu'un mauvais 4 têtes" (copyright : vendeur du rayon hifi dans les 90's).

Donc, un bon négociant (et il y en a) peut présenter sur la même appellation un vin plus intéressant qu'un vigneron récoltant.
Pour la petite histoire, sachez que la mise en bouteille des vins à la propriété est un phénomène relativement récent qui s'est développé dans les années 60 et qu'avant l'ensemble de la production passait par l'intermédiaire du négociant.
Le sujet récoltant ou négociant c'est un peu un débat sans fin, personnellement je préfère déboucher une bouteille de récoltant mais si je ne faisais pas une entorse à cette ligne de conduite (stupide ?) que je me suis fixée je serais passé à côté de ce vin qui m'a charmé.
En fait j'ai failli passer à côté pour 2 raisons : le côté négociant et le fait d'en avoir bu un verre alors que j'étais sous le coup d'un état grippal avancé m'empêchant de faire la différence entre un verre de vin et un verre de tang.

Hecht & Bannier Languedoc 2008 :

Hecht & Bannier est une maison de négoce fondée en 2002 spécialisée dans les vins du Languedoc Roussillon.
Les vins sont proposés sous les appellations Languedoc, Minervois, Saint Chinian, Faugères et Côtes du Roussillon villages (un peu surpris de ne pas voir de Corbières dans la gamme proposée mais bon).
La bouteille qui nous intéresse est le Languedoc 2008, un vin issu de raisins certifiées d'agriculture biologique (alors c'est un vin bio ? voir post précédent).
Composé de Syrah, Grenache et Carignan ce vin se montre dense, sombre. Le nez, d'abord fruité,  dévoile peu à peu des notes de cacao et de pruneau. En bouche, c'est rond, équilibré et d'une bonne longueur. Parfait pour découvrir l'appellation Languedoc en préservant ses menus deniers.

Un conseil : Buvez-le dès maintenant.

Prix : 6, 90 €

Où : Monoprix




Biodynamie powaaa ! La clef des terroirs

Raisins bio, domaine en conversion biologique, certification Demeter, etc... 

La liste des qualificatifs liés aux vins bio, natures et/ou issus d'une agriculture biodynamique est plus longue que mon bras et a tendance à me perdre en route. Depuis quelques temps j'entends parler de bio et de biodynamie à tout bout de champ avec des discours diamétralement opposés : les pas convaincus ("faut voir"), les convaincus et les super-extra-giga-convaincus et pas tolérants pour deux sous. Ces derniers ont, pour certains, tendance à m'hérisser le poil en tenant un discours manichéen sur le sujet : "Y'a le bon et le mauvais vigneron" (et au milieu coule une rivière). Pas sûr que ce soit si simple la vie...

Naturel, bio et biodynamie c'est quoi la différence ? (liste grossière et non-exhaustive)

La mention "naturel" sur un produit (vin compris) n'est la résultante d'aucune certification. Le mot naturel peut être appliqué sur n'importe quelle étiquette et n'engage que la vision du producteur. Toutefois, un vin qualifié de naturel sous entend (à moins de tomber sur un mythomane patenté) que le vigneron limite au strict minimum l'utilisation d'herbicides, de souffre et autre traitement phytosanitaire pouvant dénaturer le vin et introduit le moins d'ingrédient "étrangers" lors de la vinification. Pour les découvrir et vous faire une idée, rendez-vous au Vini Circus qui a lieu tout les ans fin avril en Ille et Vilaine (le site de vinicircus).

Le vin bio, quant à lui n'existe tout simplement pas (encore). Bon là c'est un peu plus compliqué pour s'y retrouver. En gros (vraiment gros) : Le label AB précise que les raisins sont issus d'une agriculture biologique, les vins respectant un cahier des charges précis sont certifiés par un organisme indépendant. En revanche, la mention AB (française ou européenne) ne garantit en rien une vinification "bio".
Et c'est là que ça commence à être capillotracté : Un (vrai) vin naturel est bio sans être (forcement) certifié et un vin "bio" n'est peut être pas si naturel que ça.
Si quelqu'un a une explication plus limpide que celle-là, je suis preneur et ne me vexerai aucunement.
On ajoute à cet imbroglio législatif le fait que la mention "vin biologique" est illégale mais tolérée jusqu'à l'application d'une certification "bio" qui englobera la viticulture et la vinification. Mise en oeuvre de cette nouvelle (et dernière ?) labellisation : Août 2012.

Et la biodynamie c'est quoi ? En entendant le terme "biodynamique" pour la première fois j'ai tout de suite pensé à un navet* (cinématographique) ou à un sentai à la bioman.
Pour avoir grandi dans les années 90, les termes "bio" et "dynamique" associés m'ont instinctivement évoqué un "action-movie" ayant pour tête d'affiche un Vandamme ou un Seagal.
Moitié bionique/moitié moine shaolin en colère : Voici "biodynamique", l'homme capable de battre un zèbre à la course et d'assommer un morse d'un bourre pif (et Dieu sait que les morses c'est pas des marrants).
Bon en fait la biodynamie c'est tout sauf ça. C'est une culture de la vigne et une vinification empreintes de spiritualité, de respect (sincère) de Dame Nature. La biodynamie c'est une communion avec la vigne qui se traduit notamment par l'utilisation de produits on ne peut plus naturels. La culture en biodynamie sous entend de respecter le cycle de vie de la vigne, de la planète, et de s'adapter au terroir (et non l'inverse) pour mieux le sublimer. On en pense quoi de la biodynamie ? Et ben le plus important pour moi c'est qu'on en pense ce qu'on veut et que vouloir convaincre à tout prix ne sert à rien.

Pour se faire une idée et parce que c'est vachement bien fait, jetez-vous sur "La clef des terroirs" de Guillaume BODIN. Un jeune vigneron, passionné de photo/vidéo et qui décide de concilier les deux dans un film documentaire. Vous y découvrirez la biodynamie vue par des vignerons convaincus et autant respectueux de la nature que des esprits sceptiques. Leurs discours prouvent une fois de plus qu'il y a une réelle fibre poétique chez les paysans (une définition de ce terme, qui est tout sauf péjoratif, m'a particulièrement plu dans ce film).
Ce film nous laisse la liberté de découvrir cette philosophie du vin sans chercher à nous orienter.
Je retiens personnellement qu'ésotérisme ou pas, la biodynamie a le mérite de rapprocher l'homme de la vigne.
Dans les compléments, on retrouve avec plaisir Richard LEROY (personnage central de l'excellente BD d'Etienne Davodeau), François CHIDAINE et d'autres vignerons qui partagent leurs points de vue et expériences. Seul Bémol (pour moi) : On assiste à un énième épisode de messieurs G. et R. se tirent dans les pattes. On en a déjà entendu parler dans des magazines spécialisés, un documentaire, un livre, un autre livre, etc...
J'aime à penser que le joli microcosme du vin a d'autres sujets plus intéressants à présenter.

Pour aller plus loin :

Au passage, en achetant le dvd de Guillaume Bodin, j'en ai profité pour me procurer "le vin, la vigne et la biodynamie". Ce livre format poche mais riche en enseignements de Nicolas Joly (domaine de la Coulée de Serrant), nous permet de mieux comprendre les dangers de l'agriculture moderne et les grands principes de la biodynamie. Après, à chacun de forger sa propre opinion.



*: Il est important de retenir que la biodynamie s'applique aussi à la culture du navet.